Le quinquennat de François Hollande tire à sa fin mais où en est-on des politiques en faveur de la parité en France ? Quelle est la situation en ce début d’année alors que la loi Copé – Zimmermann de 2011, obligeant les grandes entreprises et entreprises de taille intermédiaire (ETI) à compter au moins 40 % de femmes dans leurs conseils d’administration en janvier 2017, est donc complétement effective ? Même si force est de constater que la France a réalisé de gros progrès en la matière, la situation est loin d’être à l’équilibre.
Depuis 2012, le gouvernement a multiplié dès 2012 les actions en faveur de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes, notamment au travail :
- loi du 4 août 2014 sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes,
- second mandat du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes instauré le 8 mars 2016,
- 5e plan (2017-2019) de lutte contre les violences faites aux femmes lancé en novembre 2016…
En 2016, l’hexagone se classait ainsi à la 15e place mondiale du classement du Forum économique mondial concernant les inégalités entre les femmes et les hommes. Ce classement portait sur les domaines de l’éducation, de la santé, de l’économie et de la politique.
Un bilan « Égalité » mitigé
Voilà le constat émis par le Laboratoire de l’égalité (https://www.laboratoiredelegalite.org/) début janvier 2017. Portée par l’État à travers un ministère des Droits des femmes et sa ministre, Najat Vallaud-Belkacem, l’égalité est pourtant loin d’être acquise.
Le Laboratoire pour l’égalité
Créé en 2010 pour promouvoir l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, il regroupe des femmes et des hommes de différentes sensibilités politiques, exerçant des responsabilités dans la vie économique, sociale, universitaire, associative. Tous impliqués dans de multiples réseaux agissant concrètement en faveur d’un meilleur partage des responsabilités citoyennes, économiques et familiales entre les femmes et les hommes. Ses missions : salaires, statuts, conditions de travail, partage des tâches et des responsabilités, stéréotypes…
La France a évolué positivement sur certains points notables tendant vers l’égalité…
- Des sanctions financières sont appliquées depuis janvier 2013 contre les entreprises ne respectant pas l’égalité salariale. Ainsi, un peu plus d’une centaine ont dû s’acquitter de pénalités…
- 91 % des grandes entreprises sont couvertes par un accord en faveur de l’égalité professionnelle…
- Si les pères sont désormais incités à prendre une partie du congé parental…
… Mais les axes de progrès restent nombreux pour y parvenir :
- … Mais les salaires des hommes restent supérieurs de 28 % à ceux des femmes, 19 % si la différence due au temps de travail est neutralisée. À travail égal, carrière égale… salaire inégal.
- … Mais seules 35 % des entreprises de 50 à 299 salariés ont mis en place un tel accord.
- … Mais les mères, elles, le prennent à 96 %.
Les inégalités entre les femmes et les hommes en France : principaux indicateurs
Et dans les conseils d’administration ?
Votée en 2011, la loi Copé – Zimmermann laissait donc 6 ans aux entreprises de plus de 500 salarié.e.s dont le chiffre d’affaires atteint 50 millions d’euros de rattraper leur retard… Et là aussi la situation est très mitigée.
Selon le cabinet Leyder Associates, les 120 entreprises françaises cotées les plus importantes (SBF120) comptent 39 % de femmes administratrices en moyenne. Cocorico !
Mais les disparités persistent et pas des moindres. La faute à certains secteurs d’activités très masculins… mais qui peinent à embaucher des femmes faute de candidates. Le cimentier Lafarge ne compte ainsi que 7 % de femmes dans son CA. Difficile de compter 40 % de femmes au conseil d’administration si elles ne sont que 24 % dans les écoles d’ingénieurs et moins encore dans les études supérieures liées aux métiers du bâtiment ou de la construction.
Mais elles ne sont pas les seules à ne pas remplir les quotas. En effet, les sociétés cotées hors SBF 120 sont très loin du compte avec en moyenne 24 % de cadres féminins dans leur comité.
Pire : elles ne sont que 16 % au sein des 2 000 ETI (entreprises de taille intermédiaire) concernées par la loi.
Pourquoi de tels écarts ?
Vous l’aurez compris, il reste encore du travail mais le mouvement est en marche. En France, le décalage entre hommes et femmes est comblé à 75 %. Mais dans le monde, il faudra attendre 2186 pour atteindre la parité économique entre les hommes et les femmes au travail selon un rapport du Forum économique mondial.
La mixité se joue en réalité dès le plus jeune âge, plaçant ainsi l’école mais aussi la société toute entière au cœur de la parité. En effet, les inégalités sont flagrantes sur les bancs de l’école – surtout des grandes écoles – ou de l’université. Certaines filières, scientifiques ou techniques, manquent tout simplement d’étudiantes.
En revanche, les rares diplômées de ces formations ont tendance à trouver du travail sans problème et à faire carrière ensuite. Elles sont même très appréciées et recherchées.
De plus, nos élus politiques ne donnent pas non plus l’exemple alors qu’ils sont ceux qui votent les lois en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes : on ne compte encore que 27 % de femmes à l’Assemblée nationale et 25 % au Sénat. Or, des bancs de l’école à ceux de l’Assemblée, il n’y a qu’un pas !
Et l’espoir est permis : les Françaises apparaissent ainsi comme les plus ambitieuses au monde d’après le rapport “Global Gender Diversity 2016” publié fin octobre par le cabinet de recrutement britannique Hays : elles sont ainsi 64 % à vouloir occuper un poste à haute responsabilité.