2e pan de mon dossier consacré aux femmes entrepreneures en France. Après un 1er tour d’horizon pour savoir qui étaient les femmes dirigeantes en France, aujourd’hui, arrêtons-nous sur ce qui font leurs différentes. Et force est de constater que l’on retrouve les mêmes faits que chez les salariées. Femmes entrepreneures : des inégalités salariales persistantes.
Les secteurs d’activité ou les fonctions occupées ne sont pas les seuls faits représentatifs des inégalités auxquelles les dirigeantes doivent faire face. 1er signe d’inégalité : le salaire ! Si les femmes cadres gagnent toujours près de 9 % de moins que leurs homologues masculins, cet écart atteint 24 % sur l’ensemble des fonctions selon l’Insee. Une tendance toutefois à la baisse (27 % en 1995) mais qui témoigne des efforts qu’il reste à faire à tous les niveaux de l’entreprise.
Comme en entreprise, les inégalités salariales perdurent
Les femmes cheffes d’entreprise gagnent ainsi 31 % de moins que les hommes, 2 020 euros mensuels en moyenne contre 2 915 euros pour les hommes. Des écarts de revenus qui s’expliquent en partie « par un nombre d’heures travaillées moins important sur l’année », selon l’Insee. Les femmes restent en effet plus concernées par l’emploi à temps partiel ou les emplois moins valorisés : 44,8 % des emplois féminins sont concentrés dans quelques secteurs peu rémunérateurs, comme l’administration publique, la santé, l’enseignement ou l’action sociale.
Autre conséquence : une retraite moins valorisée également. Les femmes partent en effet en moyenne à la retraite un an plus tard que les hommes, avec des droits à la retraite inférieurs de 42 %. Toutefois, les durées de cotisations à la retraite validées par les hommes et les femmes se sont rapprochées au fil des ans.
En 2016, cette durée s’établit donc, à 30 ans, à huit années en moyenne soit 32 trimestres, selon une récente étude de la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques.
Néanmoins, ces différences persistantes peuvent constituer un frein à la création d’entreprise, les droits à la retraite et les prestations sociales étant alors calculés différemment que pour les salariés. Or les femmes accomplissent aujourd’hui encore près de 80 % des tâches ménagères et familiales au sein du couple. Et la fonction de dirigeante est chronophage.
Quelle réalité pour les entreprises dirigées par des femmes ?
Pourtant, les entreprises dirigées par des femmes ont une légère tendance à surperformer par rapport à celles dirigées par des hommes. C’est ce que révèle l’Index Women Equity. L’index 2016 référence 38 617 PME avec un chiffre d’affaires compris entre 4 et 100 M€ sur au moins l’une des années documentées sur la période 2012-2015. Ces PME représentent 623 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulés et affichent une croissance moyenne de 2,6 % sur l’année 2015, avec une bonne tenue de leurs marges.
Si seules 13 % d’entre elles sont dirigées par des femmes, celles-ci se distinguent cependant par une meilleure rentabilité de leurs appareils de production. Les PME dirigées par des femmes sont comparables en tous points à celles dirigées par des hommes – répartition géographique, ventilation sectorielle, chiffres d’affaires moyens par classes de chiffres d’affaires –, mais elles témoignent néanmoins d’une surperformance en termes de rentabilité moyenne à 7 % contre 6,1 % pour les PME dirigées par des hommes.
73 % des entreprises dirigées par des femmes sont regroupées en 4 secteurs d’activité principaux :
- Le commerce (40,2 %)
- Les industries manufacturières (14,3 %)
- La construction (7,2 %)
- Les activités spécialisées scientifiques et techniques (5,9 %)
À noter : 66 % des entreprises dirigées par des femmes connaissent une croissance constante sur 3 ans contre 64 % des entreprises dirigées par des hommes.
Le Programme Women Equity
1re initiative en Europe dédiée aux PME de croissance dirigées par des femmes, il a pour mission d’accompagner financièrement et opérationnellement leurs entreprises, d’accroître leur visibilité et d’élargir leurs réseaux d’affaires. Il publie chaque année l’Index Women Equity, analysant les performances de 40 000 PME françaises et support du Palmarès Women Equity, rassemblant les 50 meilleures performances des PME de croissance dirigées par des femmes.
Des dirigeantes trop discrètes
Pourquoi donc connaît-on peu de femmes dirigeantes puisqu’elles réussissent aussi bien voire mieux que les hommes ? En partie par manque de visibilité ! Le 8 décembre 2016, le palmarès des patrons les plus performants de Challenges – Oddo & Cie n’incluait ainsi aucune femme !
Et pour cause : non seulement elles sont quasiment absentes en effet des postes de direction au sein des groupes cotés en bourse générant au moins 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, mais leurs performances demeurent peu visibles ou méconnues des réseaux d’investisseurs. Ce qui explique aussi leur forte représentativité au sein des TPE et PME, et moins au sein des ETI et grandes entreprises.
Mesdames, faites-vous connaître ! De nombreux réseaux de dirigeants, mixtes ou non, peuvent vous y aider. Aujourd’hui, le networking est un passage obligé pour monter en compétences ou pour gagner en visibilité. Et ça commence dès les bancs de l’école ou de l’université, dans les réseaux d’anciens diplômés notamment. Rien de mieux qu’un ancien camarade de promo pour vous donner un bon conseil ou un contact intéressant.
Femmes cheffes d’entreprise France
L’Association accompagne à la prise de responsabilités des femmes cheffes d’entreprises dans la vie économique et le renforcement de leur présence dans les instances décisionnelles au niveau local, régional et national, d’informer et de former ses membres.
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