Que se passera-t-il le lundi 7 novembre à 16h34 ? C’est exactement à partir de cette minute précise que les femmes commenceront à travailler gratuitement jusque la fin de l’année. Pourquoi ? À cause des inégalités salariales à compétences et ancienneté égales ! En conséquence, certains mouvements appellent à la grève ou à manifester à l’image des Islandaises qui, elles, cessent le travail à 14h38 pour sensibiliser à la question.
Le mouvement a en effet été lancé sur l’île nordique le lundi 24 octobre, à Reykjavik plus précisément, où les femmes quittent leur bureau ou l’usine à 14h38 pour manifester contre les inégalités de salaire. Si, en moyenne, elles s’élèvent à 14 % en Islande, en France, elles grimpent à 19% selon l’INSEE (2015).
Tout un symbole lorsque l’on sait que l’Islande est plutôt un exemple en matière d’égalité. Sur la question de la parité des salaires, le pays est en effet le meilleur élève sur le sujet alors que la France n’arrive qu’à la 17e place selon le rapport du Forum économique mondial.
En France, c’est donc le lundi 7 novembre à 16h34 et 7 secondes précisément que les Françaises commenceront à travailler gratuitement !
L’égalité dans 170 ans !
Selon le dernier rapport du Forum économique mondial (World Economic Forum – WEF), il faudra attendre l’année 2186 pour atteindre l’égalité salariale entre les femmes et les hommes à l’échelle mondiale.
Pire encore, cette date recule d’année en année car de nombreux pays semblent régresser sur la question. Ainsi, le rapport du Forum économique mondial annonçait une égalité dans… 118 ans ! On a donc perdu 54 années en 1 an.
Comment réaliser un tel constat ? Sur 4 critères étudiés dans 114 pays selon le WEF : économique, éducation, santé et émancipation politique. Le constat est alors sans appel : le fossé entre les sexes a atteint en 2016 59 % dans le domaine économique, soit 0,7 % de plus qu’en 2013.
Le chemin est encore long même si le sujet – et d’une manière plus globale la place des femmes – est résolument un sujet d’actualité. Comme le rappelait Aude de Thuin lors du dernier TEDx ChampsÉlysées Women sur la mixité (le vendredi 04 novembre) : “Sans les quotas, il faudrait attendre 170 ans pour atteindre la parité en France. 800 en Italie !”
Une fois n’est pas coutume, les pays d’Europe du Nord arrivent en tête du classement : L’Islande pour la 8e année de suite – les salaires des femmes y représentent 87 % de ceux des hommes – devance ainsi la Finlande, la Norvège, la Suède et… le Rwanda !
Suivent ensuite les Philippines, la Slovénie, la Nouvelle-Zélande et le Nicaragua. La France ne se classe donc qu’à la 17e place avec un taux de représentation du salaire des femmes à 75% de celui des hommes. Toutefois, l’Europe demeure le continent sur lequel les inégalités sont les plus réduites.
La France est-elle vraiment plus inégalitaire que le Rwanda ?
Non ! En France, c’est surtout le manque de parité au niveau parlementaire qui fait baisser les chiffres. Mais la parité à ce niveau n’est observée que dans 4 pays parmi les 114 cités dans l’étude du WEF.
Une autre étude parue à l’occasion de la Journée internationale des droits de la fille organisée par l’ONU le 11 octobre dernier, mettait en avant les pays dans lesquels il est le plus facile d’être une fille. Réalisée par l’ONG britannique Save The Children, elle porte sur 5 indicateurs dans 144 pays : le mariage précoce, l’éducation scolaire, la grossesse d’adolescentes, la mortalité maternelle et la proportion de femmes présentes au Parlement.
Une fois n’est pas coutume, la Scandinavie arrive en tête : la Suède devant la Finlande, la Norvège puis les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark, la Slovénie, le Portugal, la Suisse et l’Italie. Et la France alors ?
La France n’apparaît qu’en 18e position en raison de l’absence de parité au Parlement. Elle arrive toutefois devant les États-Unis qui n’apparaissent qu’à la 32e place après les le Kazakhstan et l’Algérie !
Retraite : les femmes valident presque autant de trimestres que les hommes
Oui la France a un problème de parité. Mais l’hexagone reste l’un des pays qui évolue le plus vis-à-vis de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes, qu’il s’agisse d’égalité salariale ou de mixité au sens large.
Ainsi, les durées de cotisations à la retraite validées par les hommes et les femmes se sont rapprochées au fil des ans. En 2016, cette durée s’établit donc, à 30 ans, à huit années en moyenne soit 32 trimestres, selon une récente étude de la direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques.
Aujourd’hui, les femmes valident presque autant de trimestres que les hommes pour leur retraite. Une amélioration liée à la plus forte participation des femmes au marché du travail.
Les Françaises ont de l’ambition !
De quoi se montrer positive quant à la place de la femme en France, d’autant que la loi Copé / Zimmermann entrera en vigueur en février 2017. Son objectif : imposer 40 % de femmes dans les comités exécutifs des grandes entreprises !
Les mentalités évoluent et les choses bougent. Grâce aux femmes elles-mêmes mais aussi aux hommes !
Les Françaises apparaissent ainsi comme les femmes les plus ambitieuses de la planète d’après le rapport “Global Gender Diversity 2016” (La diversité de genre globale) publié fin octobre par le cabinet de recrutement britannique Hays.
En France, les femmes sont ainsi 64 % à vouloir occuper un poste à haute responsabilité. Les hommes, eux, sont 79 %. Elles devancent ainsi leurs consœurs portugaises et belges.
Bizarrement, les Allemandes ne se classent qu’en 22e position juste devant les Américaines et les Chinoises.
Quelle ambition pour les Françaises ?
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64 % veulent occuper des postes à responsabilités
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40 % convoitent le statut de manager
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32 % aimeraient faire partie de la direction d’une entreprise
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Toutefois, seules 8 % aspirent à devenir PDG
Tous les espoirs sont donc permis ! La France, pour les travailleuses du moins, avance à grands pas et la situation actuelle semble plus porteuse d’espoir qu’autre chose. Même s’il reste du chemin à parcourir, la France tend de plus en plus à devenir le pays des droits des femmes… 227 ans après avoir été celui des droits de l’homme !