Connaissez-vous le réseau EDHEC’elles ? Réseau féminin de l’association EDHEC Alumni, regroupant 37 500 étudiants et diplômés de l’une des toutes meilleures écoles de commerce de France et d’Europe. Le club anime chaque mois des ateliers, des conférences… orientées sur une thématique précise autour du leadership au féminin. L’occasion de rencontrer des anciennes diplômées, de partager leurs expériences et de profiter de précieux conseils.Retour sur la conférence du 15 décembre dernier.
Ouvertes à toutes et à tous, ces conférences sont surtout l’occasion de rencontrer des femmes d’exception qui ont su s’imposer et dépasser ce fameux « plafond de verre ». C’est dans ce cadre que je me suis rendue à la conférence du 15 décembre sur le thème « Leadership : Développer son influence, sa visibilité et son impact grâce aux réseaux », à l’invitation de Pascaline Le Berre, auteure du livre « Femmes, Osez (enfin) votre valeur ! », que j’avais interviewée pour le dossier spécial au féminin de Grandes Écoles et Universités Magazine (n°69, novembre 2015).
Car oui, même un-e non-diplômé-e de l’EDHEC peut y assister contre une petite contribution financière… Messieurs, vous êtes également les bienvenus ! Et cerise sur le gâteau : chaque soirée se termine par un cocktail dans les superbes locaux de l’EDHEC à Paris (infos en fin d’article), histoire aussi de discuter et de networker.
Et le moins que l’on puisse dire est que les intervenantes en valaient la peine :
- Agnès Bricard, 1re femme présidente du conseil de l’Ordre des Experts-comptables
- Anne Thévenet Abitbol, directrice éditoriale et artistique du programme Eve
- Virginie Abadie-Dalle, présidente de SNCF au féminin
- Catherine Abonnenc, secrétaire générale de femmes Business Angels
- Sandra Le Jan, consultante à A.L.L. Consulting et professeur de management RH à l’EDHEC Nice
Présentation de quelques interventions qui, à défaut de vous donner l’envie d’aimer, vous donneront l’envie d’entreprendre ou tout du moins l’espoir de vivre la carrière dont vous rêvez.
Programme Eve : osez être soi pour pouvoir agir
Anne Thévenet Abitbol, directrice éditoriale et artistique du programme EVE, est également directrice prospective chez Danone. Un bel exemple de réussite professionnelle. L’élément déclencheur pour Anne ? « Réaliser que nous sommes coresponsables de ce plafond de verre. Donc nous devons savoir nous-mêmes ce que l’on sait et ce que l’on veut. En osant être soi et s’affirmer, on va plus haut et on est acteur du changement en entreprise. »
Depuis 2010, 2 500 personnes, dont 20 % d’hommes, ont été formées
Ce programme a été pensé par Danone mais est porté par une quinzaine d’entreprises comme SNCF, L’Oréal, Orange, Google…. Depuis 2010, 2 500 personnes, dont 20 % d’hommes, ont été formées. L’intérêt ? « Ils voient ainsi ce que c’est que d’appartenir à une minorité. On crée du cross-mentoring. On aide à prendre conscience de nos différences de fonctionnement. »
Prochaine étape : cap sur l’Asie et plus précisément Shanghai où un programme EVE va s’ouvrir à l’initiative de L’Oréal.
SNCF au féminin
Le programme EVE a lancé l’idée, SNCF l’a fait.« Nous avons lancé ce réseau en janvier 2012 au cirque d’hiver devant 1 500 femmes et quelques cadres masculins dont Guillaume Pépy, raconte Virginie Abadie-Dalle.
Chaque année, le groupe français permet ainsi à une trentaine de collaboratrices de se former pendant 2,5 jours et d’apprendre « en temps réel » ce qu’est un réseau. Comment ? Grâce à de nombreuses formations, du mentoring, des rencontres, des groupes experts… Le réseau intègre 23 thématiques autour de la confiance en soi, des objectifs à atteindre…
Bilan : le réseau compte aujourd’hui 5 000 femmes soit une femme cadre du groupe sur deux. « J’y suis à temps complet depuis deux ans. Mon rôle est de dire aux femmes : osez-vous présenter, vous avez toutes les qualités du monde ! » Le message a été entendu puisque la SNCF affiche en interne 9 points de plus par rapport à la moyenne quant au sexisme.
Les femmes prennent le pouvoir… lentement
Agnès Bricard -créatrice de la Fédération des Femmes Administrateurs, 1re femme présidente du conseil de l’Ordre des Experts-comptables, associée du Cabinet d’Expertise Comptable Bricard, Lacroix & Associés et lauréate du prix La Tribune Women’s Awards, catégorie Finance et du Grand Prix Allianz 2011 -, aime rappeler qu’en août 2014, la loi initiée par Najat Vallaud-Belkacem impose 40 % de femmes cadres en 2020.
Objectif : imposer des femmes au comex mais aussi à la fonction de présidente. « Aujourd’hui, systématiquement sur une short-list, il y a une femme parmi les nominations. Nous avons apporté de la transversalité au niveau des directions. »
Isabelle Kocher, 1re femme dirigeante d’une entreprise du CAC40.
Et elle sait de quoi elle parle ! Pour rappel, si le CAC 40 ne compte aujourd’hui aucune femme à la tête d’une grande entreprise, Isabelle Kocher, 47 ans, deviendra en 2016 la première femme à diriger l’une des 40 plus grandes entreprises françaises : GDF SUEZ. Avant elle, nous pouvons saluer Clara Gaymard, actuelle PDG de General Electric France, ou Anne Lauvergeon au sein d’Areva. Mais pour le CAC 40, c’est une première ! Il y a encore du travail à faire.
Comme le rappelait Sandra Le Jan, les réseaux aident à la carrière au féminin. Or, quel est votre premier réseau « naturel » ? Celui des anciens diplômés de votre école ou de votre université : les alumni. Aujourd’hui, il existe 500 clubs féminins. Or, si le plafond de verre touche tous les groupes de la diversité, ce sont surtout les femmes qui se sont accaparées cette notion et cette vision. Résultat, on compte en moyenne aujourd’hui : 35 % d’effectifs féminins parmi les grandes entreprises, 30 % dans les cadres, 10 % au comex, 5 % à la direction générale.
Mais les chiffres sont encourageants malgré tout. La loi Zimmermann-Copé de 2011, qui impose des quotas dans les conseils d’administration et les conseils de surveillance, a ainsi renforcé la représentativité des femmes notamment au sein de métiers très « masculins ». Ainsi, la France est l’un des pays où les femmes sont les plus nombreuses : elles représentent en effet 30,3% des effectifs contre 22,5% aux États-Unis par exemple.
Catherine Abonnenc, secrétaire générale de femmes Business Angels, a ainsi participé à la création de nombreux réseaux féminins en entreprise. « Je rencontre Carlos Ghosn à Deauville au Women’s Forum. Il me fait entrer chez Renault ensuite et me charge d’animer une conférence à Sciences Po sur les bienfaits de la diversité sur les performances. Gros choc culturel en interne chez Renault ! Nous avons alors décidé d’aller sur le terrain et nous avons créé des groupes de paroles… Avec la DRH, nous avons également mis en place un plan d’action : Women@Renault. »
35 % d’effectifs féminins parmi les grandes entreprises, 10 % au comex, 5 % à la DG
Vous pouvez en savoir plus sur ce réseau en consultant le dossier spécial au féminin de Grandes Écoles et Universités Magazine (n°69, novembre 2015). J’aurai également l’occasion d’en reparler lors d’un prochain article consacré sur la place des femmes dans le secteur automobile.
Mais le chemin est encore long : sur 5000 Business Angels en France, seulement 7 % (une centaine) sont des femmes… « Mais nous sommes encore le seul réseau européen à compter des femmes. »
Mesdames – mais aussi Messieurs – vous savez ce qu’il vous reste à faire : réseauter !
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