2e étape de notre périple sur la place des femmes dans le monde. Après un premier arrêt à Bali et sa douceur de vivre, penchons-nous aujourd’hui sur la situation dans le reste de l’Indonésie. Si les Balinaises semblent peu à peu s’émanciper et occuper une place de plus en plus aboutie dans la société, l’ensemble des autres îles indonésiennes offrent des visages très différents. Les inégalités persistent et certains régions appliquent même la charia.
Place à l’optimisme donc mais, vous l’aurez compris, la situation de Bali est, à bien des égards, différente de celle de l’Indonésie. Et la place de la femme ne fait pas exception, le pays asiatique semblant en effet avoir pris une longueur d’avance dans le sens d’une évolution positive. Mais là aussi, les inégalités restent nombreuses et la femme n’y est pas considérée comme l’égal de l’homme.
Les femmes accèdent ainsi de plus en plus à l’éducation supérieure et même plus que les hommes ! Ainsi, en 2010, selon les statistiques nationales de recensement, 100 femmes entre 25 et 29 ans suivaient des études supérieures contre 76 hommes ! Chez les 50-54 ans, le ratio s’inverse complètement : 176 hommes pour 100 femmes ont suivi un enseignement supérieur. Mais les inégalités salariales et en termes de responsabilité ont la peau dure et là, on est encore loin de l’égalité… Un peu comme chez nous finalement 😉
Qui suis-je ?
Je suis née le 21 avril 1879 sur l’île de Java. Je suis une militante féministe et écrivaine, notamment de Lettres d’une Princesse javanaise qui met en avant la condition sociale de la femme dans la noblesse javanaise de l’époque. Je suis considérée en Indonésie comme une héroïne nationale et une pionnière des droits des femmes. Mon œuvre et mon engagement en faveur de la femme indigène notamment ainsi que ma mort prématurée à 25 ans ont mené à la création de la Fondation Kartini pour la construction d’écoles pour femmes.
Je suis, je suis… Je suis Raden Ajeng Kartini.
Une femme présidente du plus grand pays musulman du monde
L’Indonésie n’en est pas à un paradoxe près. Si la société reste à dominante patriarcale, le mode de vie, quant à lui, se veut souvent matrilocal, c’est-à-dire que les couples mariés emménagent dans la résidence de la famille de l’épouse. C’est aussi la famille de la jeune femme qui vient demander le jeune homme en mariage ! Le monde à l’envers ?
Autre paradoxe : la place des femmes en politique, moyen le plus efficace et visible de tendre vers l’égalité entre les femmes et les hommes. On l’oublie souvent mais la femme occupe une place centrale dans la société. Bien plus que dans certaines sociétés occidentales.
On le sait peu mais elles sont ainsi très présentes au sein du gouvernement, et ce même à des postes clés. Ainsi, deux des plus importants ministères de l’actuel président Joko Widodo sont tenus par des femmes : Retno Marsudi pour les Affaires étrangères et Susi Pudjiastuti pour la Mer et la Pêche. La ministre des Finances est une aussi une femme, Sri Mulyani Indrawati. En tout, elles sont pas moins de 8 femmes ministres au sein du gouvernement et le pays compte aussi une femme ministre coordinatrice.
Le saviez-vous ?
En Indonésie, le souverain peut être une femme.
Et ce n’est pas une première : en 2008, une journaliste française du Monde, Sylvie Kauffmann identifiait dans son article « Les femmes aux commandes… » les 3 femmes qui tenaient les rênes de l’économie indonésienne :
- Sri Mulyani Indrawati, ministre des Finances,
- Mari Pangestu, ministre du Commerce,
- et Miranda Goeltom, numéro deux de la Bank Indonesia, la banque centrale.
Sans oublier celle qui a, elle, tenu les rênes du pays pendant 3 ans entre 2001 et 2004 : Megawati Sukarnoputri, présidente de l’Indonésie. Une situation qui est loin d’être exceptionnelle dans la région. Les Philippines et – un peu plus loin – le Bangladesh ont également placé des femmes à la tête de l’État.
On aimerait bien en dire autant en France !
Des inégalités encore très présentes
Toutefois, ces avancées notables ne doivent pas occulter le fait que les femmes restent encore trop souvent des citoyennes de second rang. Ainsi, dans la province d’Aceh, elles sont la cible privilégiée de la charia.
Résultat : port obligatoire du foulard – alors que la plupart des balinaises par exemple ne le sont pas –, interdiction de monter à califourchon sur un deux-roues, jeans interdits… La loi islamique y est appliquée, reléguant alors la femme inexorablement derrière l’homme.
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